"On préfère fermer notre gueule et faire les putes pour éviter la garde à vue"

Subir en silence pour éviter la garde à vue. C'est l'attitude que préférait adopter Moussa* à l'occasion des contrôles de police quasi quotidiens qu'il a subis pendant plusieurs années, avec d'autres jeunes du quartier, dès ses 13 ans.

Moussa* est l'un des 18 jeunes du 12e arrondissement de Paris qui a porté plainte contre X pour « violences volontaires aggravées », « agressions sexuelles aggravées », discrimination » et « abus d’autorité » de la part d'une brigade de police, connue dans le quartier comme "La brigade des Tigres".

Il a réagi aux vidéos enregistrées à la go pro par la police et données au procureur dans le cadre de l'instruction.

Il estime à 6 sur 20 lesdites vidéos par rapport à ce qu'il a pu vivre dans ses rapports avec "La Brigade des Tigres". "On y voit plus de paroles que d'actes", précise-t-il.

Si les parents ne les croyaient pas au départ, par rapport à l'acharnement de la police, ceux qui ont vu les vidéos "ont du péter un plomb. Parce qu'ils doivent désormais s'imaginer ce qu'on a vécu pendant des années", loin des caméras.

"Ce qui c'est passé dans les vidéos c'est rien du tout. Ils nous contrôlent, ils nous oppriment. Ils nous montrent comment on est des merdes. Ils sont au moins 3 policiers sur un jeune de 13 ans en lui montrant que ce sont eux qui font la loi."

Claques, coups de poing au visage, humiliation, injures raciales, "on préfère fermer notre gueule et faire les putes pour éviter la garde à vue", avoue-t-il.

Parce qu'à l'abris des regards "c'est encore pire". "Avant la garde à vue il y avait la fouille intégrale. Ils nous mettaient tout nu nous faisaient nous accroupir (...) j'avais entre 12 et 15 ans, je venais d'arriver au collège."

"La police ? C'est vrai qu'ils sont là pour nous protéger à la base des bases, mais Les Tigres nous ont détruit notre adolescence".

*le nom a été changé