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Les vidéos qui montrent le harcèlement policier au quotidien

Mediapart a rendu publics des enregistrements vidéo effectués par la caméra-piéton d’un groupe de policiers parisiens alors sous le coup d’une enquête pour violences contre des adolescents, dans le XIIe arrondissement de Paris. 

Quatre de ces fonctionnaires seront jugés en correctionnelle les 21 et 22 février.


Ce sont des documents inédits, un matériau assez exceptionnel en ce qu’il montre la façon dont certains policiers peuvent se comporter lorsqu’ils abordent des jeunes issus de milieux populaires, et noirs ou arabes le plus souvent. 

Mediapart a obtenu et étudié une quinzaine d’enregistrements vidéo réalisés en intervention par des policiers parisiens du XIIe arrondissement équipés d’une caméra-piéton.

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Ces vidéos édifiantes ont été projetées publiquement aux plaignants et à leur famille par leurs avocats, qui leur en ont décortiqué à chaque fois les pratiques illégales des policiers. 

Les parents présents étaient pour certains stupéfaits par des images qui témoignent d'un harcèlement constant des policiers et du côté anxiogène du déroulement des contrôles (ton, posture, paroles, gestes).

Et qui surtout "laisse imaginer ce qui se passe quand il n'y a pas les caméras", déplore Fathia, la maman d'un des plaignants.

Des vidéos notées de 2 à 6 sur 20 par les jeunes par rapport à leur vécu

Pour les jeunes, c'est un tout autre son de cloche. Quand on leur demande de noter sur 20 les images qu'ils ont vues par rapport à ce qu'ils ont pu vivre avec les policiers de cette brigade (dite "Des Tigres"), les notes vont de 2 à 6 sur 20.

"Ça c'est rien du tout ! ", estime Moussa. "Là on voit plus des paroles que des actes". Rappelons que la plainte des 18 jeunes du quartier Reuilly-Montgallet fait état de « violences volontaires aggravées », « agressions sexuelles aggravées », discrimination » et « abus d’autorité ».

"Position de contrôle"

C'est au détour de regards ou d'attitudes résignées qu'on lit l'habitude des contrôles dans les vidéos. Que les policiers disent "position de contrôle ! " et on voit tous les jeunes, blasés, se diriger automatiquement vers le mur.

Mains sur le mur, jambes écartées pour des palpations de sécurité, qui pourtant ne sont pas obligatoires. 

Certaines scènes des vidéos questionnent. Comme celle où l'on voit 5 policiers pour effectuer un contrôle d'identité sur un seul jeune, par ailleurs tout à fait coopératif.

Des policiers sous le coup d'une plainte grave mais toujours en service 

Ce qui reste le plus étonnant est sans doute le fait que ces policiers, visés par une plainte aussi lourde, soient toujours restés en service dans le quartier. 

La seule mesure prise a été d'équiper la brigade d'une caméra GoPro... activée à la discrétion des policiers.

Le pire est qu'ils ne semblent absolument pas se rendre compte que certaines de leurs pratiques sont tout à fait illégales. Ils se croient même protégés par la vidéo.

Au titre des incongruités on peut citer :

  • Le fait que les policiers appellent des jeunes par leur nom pour leur demander leur papier pour un contrôle d'identité.
  • Le fait qu'ils cherchent systématiquement des infractions ou des délits à coller aux jeunes. Ou cherchent parfois à les "gratter" (leur mettre des amendes pour un motif quelconque).
  • Le fait que certains policiers fouillent tout à fait tranquillement dans les téléphones portables.
  • Le fait qu'ils cherchent à intimider ouvertement les jeunes quant à la plainte déposée.
  • Le fait qu'un policier enlève son arme et son uniforme pour provoquer en "One One"* un jeune (combat singulier à mains nues). Et que ses collègues raillent le jeune en question qui ne relève pas le gant.
*Une des vidéos diffusées fournies par la police a été tournée au téléphone portable par un jeune. Un des jeunes présent lors de la diffusion nous a expliqué ensuite la scène à laquelle il avait assistée.

Même si les vidéos ne concernent pas directement les faits du procès du 21 et 22 février, elles sont d'une éloquence crue. D'autant que les images sont tournées par les policiers eux-mêmes. Policiers qui, à vrai dire, semblent parfois, et de bonne foi, ne pas maîtriser tout à fait la loi.

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